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On French flute school and Skype lesson, Skype interview with Kelli King
https://fortyandfantastique.wordpress.com/2016/04/16/a-to-z-2016-nicolas-duchamp-the-french-flute-teacher/ |
Entretien avec Fabrio Taskoin, Nov 2013
``J’ai rencontré Nicolas Duchamp en Angleterre en 2010, lors de la Convention Internationale de la flute. Son récital fut un moment d’émotion intense en présence des plus grands flutistes de la planète. Nicolas est non seulement un grand flutiste mais aussi un musicien qui fait honneur à la plus grande tradition de la flute. Il vit à New York où il vient de créer The French Music Institute of New York. En préambule d’un récital au Merkin Hall à New York le 19 novembre prochain avec la pianiste Barbara McKenzie, il nous livre ses passions et visions de la flute. ``
F T : Nous sommes ici à New York ou vous vivez maintenant, qu’est-ce qui vous a fait quitter Paris ?
Un ensemble de circonstances professionnelles et personnelles.
FT : Lesquelles ?
J’ai toujours aimé la ville de New York pour ce qu’elle offre comme diversité,
ouverture d’esprit et de tolérance. C’est une ville libérale et libérée. La question de la place d’un artiste est très importante pour son développement
moins d’un point de vue géographique que profondément personnelle.
New York m’a pris aux tripes. ! Je m’y sens en paix pour travailler avec
des collaborations artistiques de grandes valeureset des rencontres faites d’une
grande diversité. On y trouve des personnalités d’un très haut niveau
intellectuel, grands observateurs et ``actant`` pour une vie quotidienne partagée avec respect et intérêts pour les differences.
Chacun ici a sa place à condition qu’il soit créatif et ouvert. Une grande majorité de New-Yorkais aiment leur ville et en sont fiers. C’est agréable !
FT : L’enseignement tient une grande importance dans votre
vie à New York ?
Oui. J’ai retrouvé ici avec mes étudiants beaucoup de satisfactions. Les relations sont basées sur des notions simples faites de respect, d’intérêt, et de travail
constructif.
FT : Aviez-vous perdu votre foi légendaire à Paris ?
Non, mais l’état d’esprit concernant la musique y est tout à fait différent. La culture en générale est très politisée en France, très codifiée, sur- administrée.
L’enseignement de la musique y est très développé mais basé soit sur un
élitisme arrogant ou un vecteur social ambigu qui n’a plus rien à voir avec la
musique.
Il est fort dommage que les professeurs de musique en France soient si peu payés et peu mit en valeur dans la société française. Je ne parle encore pas des musiciens qui si ils ne sont pas dans un orchestre n`ont, dans le meilleur des cas, que le choix de dépendre de la caisse du chômage. ! Les autres ne sont pas considérés.
Il serait très utile d’envisager la place des artistes dans la société française. On les aime mais on ne les paye pas ! Un archaïsme datant du 17ieme
siècle…De plus en plus de musiciens, faute de travail, de reconnaissance en rapport avec leurs études tentent de gagner leur vie en détournant la musique de son objet, tentant de faire passer cela pour de la créativité ou du développement culturel ; Beaucoup cherchent juste à trouver
un moyen de faire ``leurs heures`` pour la caisse du chômage. C’est triste.
FT : Alors, l’Amérique, paradis pour les artistes ?
Non, je ne crois pas en ces notions la …mais la liberté d’agir y est réelle ainsi que la créativité y est respectée. Il y a des grandes villes partout dans le monde où le dynamisme est hors du commun doté d’une énergie positive favorisant
l’émergence de talents et non leur fuite. C’est une question d’état d’esprit et
pas d’étatisme !
FT : L’état participent-t-ils au soutien de la culture en Amérique ?
Il y a des aides provenant des états, plus ou moins selon les régions. Cela me parait assez disparate. Les fonds privés, les donneurs privés, bénéficient d’un système de déductions fiscales avantageux et ça fonctionne ! Je n’ai jamais vu une salle vide aux USA et la diversité est là dans les grandes villes. New York est un cœur qui bat en permanence. La ville attire l’énergie créatrice de la planète entiere.
FT : Parlons musique…
L’amour de ma vie !
FT : Vous êtes considéré aux USA comme un spécialiste de
musique française, qu’est ce qui pourrait définir celle-ci selon vous ?
Un certain raffinement… qui n’exclut pas d’autres sentiments forts.
Je crois que la France fut un berceau en Europe pour la création. Paris
en particulier où des artistes de tous horizons travaillaient ensemble. En toile
de fond, il y a la beauté de l’architecture, la diversité naturelle des régions
avec autant de particularismes pour chacune d’elles. L’influence de grands
philosophes développant des grandes idées universelles jouent également un rôle certain dans la création. Il en résulte, particulièrement au 2o IIème siècle, une écriture musicale détaillée, très colorée, à fleur de peau… L’approche de la flute doit être flexible pour cette musique en même tant que très contrôlée. Je pense que la difficulté de cette musique est d’en transcrire la naturalité, son état
organique en quelque sorte, ce qui nécessite énormément de travail ; cette musique fait appel à tout sauf à la facilité.
FT : De quelle manière travaillez-vous avec vos étudiants ?
Au travers des différents répertoires, un gros travail est fait sur la prise de conscience que les tensions physiques, le manque d’équilibre et de stabilité est un frein à l’expression naturelle propre à chacun. Ensuite je tente de travailler sur la cohérence du jeu sans ignorer le style et sans gommer la personnalité. Aussi, je pousse à une connaissance profonde de la nature de la flute dans ses défauts et qualités afin de donner une indépendance durable assortie de liberté.
FT : D’où vous vient votre passion d’enseigner ?
Elle ne dissocie pas de la passion de performer en concert. J’ai beaucoup reçu de mes maitres, de mes partenaires de concerts, du public, des personnes qui partagent ma vie ou l’on partagée. La notion de transmission me parait très importante sur un plan humain.
L’enseignement nécessite d’être émetteur mais aussi d’avoir un minimum de
réception en face afin que la magie opère…une histoire d’amour qui finit bien en quelque sorte !
FT : Allez-vous revenir en France ?
J’aime mon pays plus pour son passé que pour sa situation actuelle. J’y rentre de temps en temps avec plaisir mais mes vibrations quotidiennes sont ici aux Etats Unis.
FT : Vos compositeurs préférés ?
Jean Sébastien Bach, Brahms, Schubert, Les opéras de Puccini, Schoenberg…
FT : Que diriez-vous aux futurs professionnels ?
Je dirai qu’il ne faut pas se bercer d’illusion. Ce métier comporte plusieurs
branches du professorat à la scène, l’orchestre ou le studio qui est une industrie très puissante aux USA.
Je crois qu’il faut aborder ces différentes branches le plus tôt possible dans son parcours, car la concurrence de plus en plus internationale est
rude ! Un niveau technique très élevé existe partout.
Internet a ouvert la communication et le partage, ce qui est une bonne chose en soi. Il faut travailler beaucoup, avoir des nerfs d’aciers, sans être dur. Etre dans une optique amoureuse et passionné de la musique me parait essentiel quoique non suffisante. Beaucoup de paramètres sont à coordonner avec le potentiel de chacun qui doit être relativement hors du commun.
FT : Qu’est-ce qu’un grand musician sur son instrument selon vous ?
C’est une question complexe… c’est quelqu`un d`habile avec le moins possible de limitations instrumentales. Il me semble que l’humilité d’approche est le moyen le plus sûr de respecter et tenter de comprendre profondément la musique que l’on va jouer.
La faire passer non seulement dans les oreilles du public mais aussi dans
les cœurs est un art particulier que l’on ne peut quantifier. Il y a une
aptitude particulière aux grands musiciens a s`abandonner à un moment voulu,
faisant abstraction des vecteurs culturels et sociaux. Il y a une certaine
abnégation de soi-même au moment du concert. Le star système est une
création commerciale mais n’a pas de rapport selon moi avec le fait qu’un musicien soit grand ou pas. C’est la une problématique importante dans la société de l’apparence. Il faut espérer que les managers soient capables de travailler sur d’autres vecteurs…
``J’ai rencontré Nicolas Duchamp en Angleterre en 2010, lors de la Convention Internationale de la flute. Son récital fut un moment d’émotion intense en présence des plus grands flutistes de la planète. Nicolas est non seulement un grand flutiste mais aussi un musicien qui fait honneur à la plus grande tradition de la flute. Il vit à New York où il vient de créer The French Music Institute of New York. En préambule d’un récital au Merkin Hall à New York le 19 novembre prochain avec la pianiste Barbara McKenzie, il nous livre ses passions et visions de la flute. ``
F T : Nous sommes ici à New York ou vous vivez maintenant, qu’est-ce qui vous a fait quitter Paris ?
Un ensemble de circonstances professionnelles et personnelles.
FT : Lesquelles ?
J’ai toujours aimé la ville de New York pour ce qu’elle offre comme diversité,
ouverture d’esprit et de tolérance. C’est une ville libérale et libérée. La question de la place d’un artiste est très importante pour son développement
moins d’un point de vue géographique que profondément personnelle.
New York m’a pris aux tripes. ! Je m’y sens en paix pour travailler avec
des collaborations artistiques de grandes valeureset des rencontres faites d’une
grande diversité. On y trouve des personnalités d’un très haut niveau
intellectuel, grands observateurs et ``actant`` pour une vie quotidienne partagée avec respect et intérêts pour les differences.
Chacun ici a sa place à condition qu’il soit créatif et ouvert. Une grande majorité de New-Yorkais aiment leur ville et en sont fiers. C’est agréable !
FT : L’enseignement tient une grande importance dans votre
vie à New York ?
Oui. J’ai retrouvé ici avec mes étudiants beaucoup de satisfactions. Les relations sont basées sur des notions simples faites de respect, d’intérêt, et de travail
constructif.
FT : Aviez-vous perdu votre foi légendaire à Paris ?
Non, mais l’état d’esprit concernant la musique y est tout à fait différent. La culture en générale est très politisée en France, très codifiée, sur- administrée.
L’enseignement de la musique y est très développé mais basé soit sur un
élitisme arrogant ou un vecteur social ambigu qui n’a plus rien à voir avec la
musique.
Il est fort dommage que les professeurs de musique en France soient si peu payés et peu mit en valeur dans la société française. Je ne parle encore pas des musiciens qui si ils ne sont pas dans un orchestre n`ont, dans le meilleur des cas, que le choix de dépendre de la caisse du chômage. ! Les autres ne sont pas considérés.
Il serait très utile d’envisager la place des artistes dans la société française. On les aime mais on ne les paye pas ! Un archaïsme datant du 17ieme
siècle…De plus en plus de musiciens, faute de travail, de reconnaissance en rapport avec leurs études tentent de gagner leur vie en détournant la musique de son objet, tentant de faire passer cela pour de la créativité ou du développement culturel ; Beaucoup cherchent juste à trouver
un moyen de faire ``leurs heures`` pour la caisse du chômage. C’est triste.
FT : Alors, l’Amérique, paradis pour les artistes ?
Non, je ne crois pas en ces notions la …mais la liberté d’agir y est réelle ainsi que la créativité y est respectée. Il y a des grandes villes partout dans le monde où le dynamisme est hors du commun doté d’une énergie positive favorisant
l’émergence de talents et non leur fuite. C’est une question d’état d’esprit et
pas d’étatisme !
FT : L’état participent-t-ils au soutien de la culture en Amérique ?
Il y a des aides provenant des états, plus ou moins selon les régions. Cela me parait assez disparate. Les fonds privés, les donneurs privés, bénéficient d’un système de déductions fiscales avantageux et ça fonctionne ! Je n’ai jamais vu une salle vide aux USA et la diversité est là dans les grandes villes. New York est un cœur qui bat en permanence. La ville attire l’énergie créatrice de la planète entiere.
FT : Parlons musique…
L’amour de ma vie !
FT : Vous êtes considéré aux USA comme un spécialiste de
musique française, qu’est ce qui pourrait définir celle-ci selon vous ?
Un certain raffinement… qui n’exclut pas d’autres sentiments forts.
Je crois que la France fut un berceau en Europe pour la création. Paris
en particulier où des artistes de tous horizons travaillaient ensemble. En toile
de fond, il y a la beauté de l’architecture, la diversité naturelle des régions
avec autant de particularismes pour chacune d’elles. L’influence de grands
philosophes développant des grandes idées universelles jouent également un rôle certain dans la création. Il en résulte, particulièrement au 2o IIème siècle, une écriture musicale détaillée, très colorée, à fleur de peau… L’approche de la flute doit être flexible pour cette musique en même tant que très contrôlée. Je pense que la difficulté de cette musique est d’en transcrire la naturalité, son état
organique en quelque sorte, ce qui nécessite énormément de travail ; cette musique fait appel à tout sauf à la facilité.
FT : De quelle manière travaillez-vous avec vos étudiants ?
Au travers des différents répertoires, un gros travail est fait sur la prise de conscience que les tensions physiques, le manque d’équilibre et de stabilité est un frein à l’expression naturelle propre à chacun. Ensuite je tente de travailler sur la cohérence du jeu sans ignorer le style et sans gommer la personnalité. Aussi, je pousse à une connaissance profonde de la nature de la flute dans ses défauts et qualités afin de donner une indépendance durable assortie de liberté.
FT : D’où vous vient votre passion d’enseigner ?
Elle ne dissocie pas de la passion de performer en concert. J’ai beaucoup reçu de mes maitres, de mes partenaires de concerts, du public, des personnes qui partagent ma vie ou l’on partagée. La notion de transmission me parait très importante sur un plan humain.
L’enseignement nécessite d’être émetteur mais aussi d’avoir un minimum de
réception en face afin que la magie opère…une histoire d’amour qui finit bien en quelque sorte !
FT : Allez-vous revenir en France ?
J’aime mon pays plus pour son passé que pour sa situation actuelle. J’y rentre de temps en temps avec plaisir mais mes vibrations quotidiennes sont ici aux Etats Unis.
FT : Vos compositeurs préférés ?
Jean Sébastien Bach, Brahms, Schubert, Les opéras de Puccini, Schoenberg…
FT : Que diriez-vous aux futurs professionnels ?
Je dirai qu’il ne faut pas se bercer d’illusion. Ce métier comporte plusieurs
branches du professorat à la scène, l’orchestre ou le studio qui est une industrie très puissante aux USA.
Je crois qu’il faut aborder ces différentes branches le plus tôt possible dans son parcours, car la concurrence de plus en plus internationale est
rude ! Un niveau technique très élevé existe partout.
Internet a ouvert la communication et le partage, ce qui est une bonne chose en soi. Il faut travailler beaucoup, avoir des nerfs d’aciers, sans être dur. Etre dans une optique amoureuse et passionné de la musique me parait essentiel quoique non suffisante. Beaucoup de paramètres sont à coordonner avec le potentiel de chacun qui doit être relativement hors du commun.
FT : Qu’est-ce qu’un grand musician sur son instrument selon vous ?
C’est une question complexe… c’est quelqu`un d`habile avec le moins possible de limitations instrumentales. Il me semble que l’humilité d’approche est le moyen le plus sûr de respecter et tenter de comprendre profondément la musique que l’on va jouer.
La faire passer non seulement dans les oreilles du public mais aussi dans
les cœurs est un art particulier que l’on ne peut quantifier. Il y a une
aptitude particulière aux grands musiciens a s`abandonner à un moment voulu,
faisant abstraction des vecteurs culturels et sociaux. Il y a une certaine
abnégation de soi-même au moment du concert. Le star système est une
création commerciale mais n’a pas de rapport selon moi avec le fait qu’un musicien soit grand ou pas. C’est la une problématique importante dans la société de l’apparence. Il faut espérer que les managers soient capables de travailler sur d’autres vecteurs…